J'ai ouvert une page! Celle-ci sera dédié aux travaux écrits que je voudrai bien rendre publics.
Histoires longues courtes, récits démembrés, essais, pensées, poèmes.
Processus de diversification enclenché!
Voici un texte que j'ai écrit pour m’entraîner à l'épreuve de philo du bac il y a quelques mois.
Discussion d'un texte de Kant. Il aurait mieux fallu que je l'ai ici, mais il était dans mon manuel, que j'ai rendu... bah.
Je me demande s'il a un sens, je ne l'ai encore jamais relu.
Texte
DESSIN
D’UNE PENSEE SUR LE TRAVAIL ET SA NECESSITE.
Le travail et l’homme. L’homme doit travailler, Kant dit
« si Adam et Eve étaient restés au Paradis […] L’oisiveté eût été leur
tourment tout aussi bien que celui des autres hommes. » Deux idées ici me
frappent.
L’homme est donc voué à travailler. En mettant
de côté l’aspect moral de cette proposition, à savoir que l’homme est tenu par
des règles sociales d’assurer un rôle dans la machine communautaire afin de
respecter une certaine justice – une égalité du moins – entre ceux qui se
donnent de la peine à la tâche et lui qui ne doit pas demeurer inactif, vivre
par conséquent des fruits de personnes extérieures, elles pratiquant une
activité. En mettant donc cet aspect de côté, reste de l’idée initiale que le
destin naturel de l’homme est de travailler. Déterminisme. Quelle que soit
l’attitude que décide d’adopter l’homme, sa nature le portera nécessairement à
exercer quelque activité pour se distancier de l’état
d’ « oisiveté ». Elle représente le tourment principal de son
âme ; si elle le pousse à l’action c’est qu’elle est source d’ennui. En
effet, il est question ici de désœuvrement : sans tâche imputée – de
manière personnelle ou extérieure - l’homme fait simplement face au néant. Dans
cette situation insoutenable, il trouve un secourt dans le travail auquel il
s’adonne finalement plus heureux que lorsque son état d’oisif laissait devant
lui tous les champs ouverts. Le travail, la tâche, s’illustre ainsi comme
figure directrice de l’existence humaine, comme un moyen certain d’assurer son
bonheur. Le terme bonheur est justifié étant donné que l’état de désarroi où
l’oisiveté entraîne l’homme se trouve effacé par l’activité au profit des
satisfactions et stimulations nées du travail. Les contraintes qu’il entraîne de même sont une raison de plus pour lui d’être actif et de solliciter son
ingéniosité, sa débrouillardise, ses capacités d’adaptation et même de
résilience, bref de le maintenir à chaque instant dans un état de dynamisme, il
l’insère, de plus dans le cadre social. En effet, ce volet importe : car
c’est dans la société que lui ouvre le monde du travail qu’il se forge une
expérience, qu’il se crée des liens humains, qu’il entre en contact avec la
réalité de son monde. Le travail et tous les aspects moins séduisants qu’il
comporte, participe donc mieux à préserver en l’homme son étincelle de vie que
l’apparente paix que propose l’inactivité.
L’idée seconde est liée à l’homme dans l’Eden.
L’Eden, le Paradis, lieu où les hommes étaient encore des êtres strictement représentatif
de l’ « image de Dieu », lieu où ils incarnaient son reflet le
plus exact, où leur pureté était la plus exacerbée, avant que l’épisode du
fruit défendu ne brise cette glace et introduise le péché parmi eux. Kant
réfute l’idée que les hommes de cet âge d’or auraient pu trouver quelque
agrément à vivre, sans occupation, libérés de toute besogne, l’esprit vacant,
léger de toute contrainte, de toute préoccupation : « Il est tout
aussi faux de s’imaginer que, si Adam et Eve étaient restés dans le Paradis,
ils n’eussent fait autre chose que de demeurer ensemble, chanter des chants
pastoraux et contempler la beauté de la nature. ». La nécessité du travail
pour l’homme est si présente que Kant voit cette situation de passivité comme
une source irréfutable de malheur. Certes, nous avons soutenu plus haut l’utilité
du travail pour l’homme et à présent, il ne s’agit pas de la contester,
seulement de contester l’idée de Kant selon laquelle l’homme premier, l’Adam et
l’Eve n’auraient pas trouvé leur compte dans la vie légère et insouciante qu’il
leur était initialement proposée. Bien sûr, la raison même de leur déchéance
est propice à encourager le postulat de Kant. Elle n’est d’ailleurs pas sans
force : Eve a écouté les incitations du serpent et mordu dans le fruit
défendu à cause de sa curiosité, autrement dit sa soif de connaissance. Elle voulait accéder à une intelligence
supérieure, quitter son état d’être simple pour celui d’être pensant. Ceci peut
être – non illégitimement ma foi – considéré comme un premier cri de désespoir
de ces hommes confrontés à la vie terne et monotone que l’oisiveté souveraine
leur impose. Un cri qui les pousse à rechercher le transcendant, le mystère, l’inconnu,
le profond, à devenir les dépositaires d’un savoir qui bouleverserait leurs
habitudes, qui élèverait leur état, qui ferait d’eux des êtres capables de
comprendre le monde qui les entoure, on plus seulement de le subir, de n’être
qu’une simple pièce du décor. Cette tendance des hommes à poursuivre ce qui les
dépasse, s’encastre directement dans leur quête perpétuelle du mouvement ;
du mouvement à savoir donc du dynamisme, de l’effort, et par voie de
conséquence, du travail. Leur désir de conquête est désir de travail. On peut
supposer que si Eve cède à la tentation du fruit de la Connaissance, c’est pour
s’extirper de cette vie oiseuse, plate et banale. Toutefois, gardons nos
réserves et argumentons.
L’oisiveté n’eût pas fait
leur tourment aussi bien que celui des autres hommes étant donné qu’eux sont
différents. Adam et Eve au jardin d’Eden ne sont pas les mêmes que nous. Ils
changent lorsqu’ils sont chassés par Dieu pour avoir désobéi. Adam et Eve au
jardin d’Eden ont un degré de conscience encore trop superficiel pour se rendre
compte par eux même de leur condition. Notez-le, c’est seulement après avoir
mordu dans le fruit qu’ils constatent avec « honte » leur nudité. Ils
vivaient à sous des strates d’aveuglement qui leur rendaient nébuleuse la
réalité. N’ayant pas connaissance de la réalité, ils n’avaient pas conscience
de leur hypothétique besoin de s’extraire de ce flou. De même, cet état où ils
se trouvaient, en harmonie parfaite et totale avec la nature, poussait leur
volonté toute entière vers ce même objet. Continuellement. Ils étaient privés
de voir autre chose que ce que percevaient leurs sens, de connaître autre chose
que ce que Dieu leur disait, s’il avait fallu qu’ils chantassent des chants
pastoraux et demeurassent ensemble pour toujours, il n’en eut probablement pas
été autrement. Leur nature humaine différait trop profondément de la nôtre
actuelle pour qu’un acte de rébellion, ou de réflexion naturelle les poussât à
changer leur condition. Ils n’auraient pas eu conscience de leur malheur – en
aurait-il été un finalement si leur conscience ne l’avait pas établi ?
Ici, on peut conclure que l’homme est
conditionné par son éducation, son environnement et les évènements qui lui
arrivent. Mordre dans ce fruit fut l’évènement décisif, qui a insufflé en eut
cette nécessité de fuir le néant, de tendre vers l’effort et le travail. Ce fut
le dégel de leur conscience et la naissance de la nature humaine telle que nous
la vivons.
Par ailleurs, il y a quelques années, j'étais en troisième ou en quatrième je pense (plus en troisième quand même) j'ai commencé à écrire une histoire. Je voulais que ce soit mon premier roman. (Mais ce ne sera pas le premier, ni même le second) Quelque chose d'épique, de fantastique, avec de la romance, du macabre et du drame en abondance. Je ne l'ai jamais fini (je garde l'espoir d'en venir à bout un jour). Mais je crois qu'il me faut évoluer encore un peu: réussir à mêler tous ces éléments sans obtenir une sauce très commune, c'est difficile.
Le texte s'intitule " J'ai fait un rêve". Il raconte le début de l'histoire de Tsietsi. Un garçon qui découvre qu'il peut rêver de la mort des gens avant qu'elle ne se produise.
Ça promet, n'est-ce pas?
J’ai fait un rêve…
Par ailleurs, il y a quelques années, j'étais en troisième ou en quatrième je pense (plus en troisième quand même) j'ai commencé à écrire une histoire. Je voulais que ce soit mon premier roman. (Mais ce ne sera pas le premier, ni même le second) Quelque chose d'épique, de fantastique, avec de la romance, du macabre et du drame en abondance. Je ne l'ai jamais fini (je garde l'espoir d'en venir à bout un jour). Mais je crois qu'il me faut évoluer encore un peu: réussir à mêler tous ces éléments sans obtenir une sauce très commune, c'est difficile.
Le texte s'intitule " J'ai fait un rêve". Il raconte le début de l'histoire de Tsietsi. Un garçon qui découvre qu'il peut rêver de la mort des gens avant qu'elle ne se produise.
Ça promet, n'est-ce pas?
J’ai fait un rêve…
Ma
première mort.
J’ai souvent entendu de la bouche de mes
parents, et de leurs amis lors de certaines occasions, des histoires à propos
de personnes qui peuvent voir l’avenir.
Futiles
superstitions d’africains aux croyances magico religieuses, me disais-je.
Seulement, il m’est arrivé quelque chose l’autre nuit. Quelque chose d’étrange
et de plutôt inquiétant d’après moi. J’ai fait un drôle de rêve.
Depuis, lorsque je les entends
converser à ce sujet, je suis aux aguets. Je me demande si j’arriverai à
apprendre des choses sur ce qui m’arrive ou à reconnaître des signes que
j’aurai pu ressentir. Non pas que j’y croie vraiment, parce qu’après tout, ça
ne m’est arrivé qu’une seule fois. Cependant c’était si puissant, si troublant,
si réaliste et ça m’obsède à un point où je ne puis ignorer cet évènement.
Quand j’y repense… On dit que les rêves
sont le reflet de notre âme, l’image de ce que l’on désire et souhaite vraiment
au plus profond de notre être…
Et
ce rêve… Mon meilleur ami y mourrait… Je puis m’assurer ne pas vouloir une
telle chose, ça c’est sûr. C’est bien pour ça que je me suis penché sur
l’hypothèse des visions.
Au début de ce rêve, j’étais assis sur les
nuages- ou quelque chose comme ça- avec un vieux monsieur à côté de moi. J’ai
beau cherché, je ne me souviens pas avoir jamais vu cet homme quelque part. Peu
importe. Il se leva et me regarda, puis, il me demanda :
- Tu
sais Tsietsi, je dois te dire quelque chose de très important.
Et moi de répondre :
- Quoi
donc ?
- Quelque
chose qui bouleversera le reste de ta vie, et c’est maintenant que tu dois le
savoir .Tout va commencer maintenant.
- …
- Alors,
tu veux que je te le dise?
- …
Heu, mais…
- Contentes-toi
de me dire si tu veux que je te le dise ou pas.
Je haussai les épaules et dis :
- Très
bien, j’accepte. Dites le moi…
Et il me regarda avec telle une
commisération…
- Tsietsi, tu attireras la mort autour de
toi.
- Pardon ?
-
Dans
quelques temps, il se produira autour de toi des évènements funestes, tes
proches mourront à cause de toi… Pas tous, ne t’inquiète pas.
- Que je ne m’inquiète pas ?
- Tu as raison, c’est déplacé.
- Pourriez-vous
m’expliquer ce que vous me chantez-là ?
-
Je te
l’ai dit, tu attireras la mort autour de toi ; inexplicablement, ta simple
présence sera la cause d’accidents dramatiques. Et malheureusement pour toi,
cela ne se produira qu’avec les personnes auxquelles tu tiens.
- Qu’est-ce que vous dites ? C’est pas
possible !
-
Si. Tu
en es, ou plutôt en seras, la preuve vivante. Sache mon petit, qu’il n’y aura
aucun moyen d’empêcher ce qui arrivera une fois que le processus démarrera. La
seule chance pour toi, ce sera de quitter, et cela, définitivement, la ou les
personnes qui seront désignées par le destin ; je t’apparaîtrai souvent en
rêve pour te prévenir, comme cette fois-ci. Une fois réveillé, toi seul
décideras de ce que tu feras, et c’est
pour ça que je te dis qu’un homme averti en vaut deux.
- Vous dites n’importe quoi… C’est pas
vrai …
- Mais si voyons.
- Ah oui, alors qui ce sera pour cette
première fois, hein ?
Je
ne pouvais rien dire d’autre, j’étais trop effrayé, j’espérais que c’était du
bluff. Dire que ce n’était qu’un rêve qui me menait à un tel état. L’homme ne
se démonta pas et répondit sans hésiter :
- Ce sera ton meilleur ami, Joan.
- … Mais non, vous mentez.
- Si ça t’amuse de le penser… Je peux te
montrer, tu sais.
- Allez-y ! Montrez-moi !
IL me considéra avec attention, comme si mes propos étaient incohérents,
puis il dit, en fronçant les sourcils :
- Dis-moi, tu ne serais pas un peu masochiste
sur les bords ?... Ou sadique ?
- Quoi ? Mais non ! Enfin,
montrez-moi ! Parce que si, après tout, je peux faire quelque chose pour y
remédier…
- Tu ne peux pas. A part le quitter au plus
tôt, si tu veux qu’il ait la vie sauve.
Je m’énervai :
- Mais montrez-moi bon sang !!
- Très bien.
Soudain, les nuages faisant office de sol,
s’évanouirent, et le vide nous accueillit dans son immensité.
Nous fumes plus légers que des plumes
lors de l’atterrissage. Je reconnus la plage kribienne non loin de laquelle je
vivais. Il n’y avait pas grand monde. Le soleil était au zénith. La mer était
d’huile et peu de baigneurs s’y trouvaient. Deux d’entre eux retenurent mon attention :
leur silhouette m’était familière. Puis,
je réalisai qu’ils n’étaient autres que Joan et moi.
L’on jouait à la poursuite, jeu dans lequel j’étais la proie. Dans de
tels cas, le poursuivant se trouvait dans une posture difficile car il était
presque impossible de m’attraper dans l’eau. Eh oui, lorsque mon corps était
immergé, j’avais l’impression qu’il retrouvait son milieu naturel : je m’y
sentais comme un poisson. Je n’ai jamais compté, mais je sais que je suis
capable de retenir ma respiration pendant très longtemps. Ce sont des dons
merveilleux dont je suis très content.
Cela faisait un bon moment que nous observions la scène, et tout semblait
normal. Joan était –malgré ma supériorité flagrante- un très bon nageur, alors
la possibilité qu’il se noyât n’était pas à prendre en compte.
- Dites, vous êtes sûr qu’il…
- Oui. Maintenant regarde.
Je me tus. Jusqu’ici, le Tsietsi
que je voyais s’était contenté d’esquiver les assauts que lui lançait son ami,
et à présent, il s’était lancé dans un sprint, laissant loin derrière lui son
compagnon. Il … ou plutôt, je me dirigeai vers le coin rocheux où je me
cachai si soigneusement que je ne pouvais plus me voir moi-même. Par contre, je
pouvais aisément voir que Joan se trouvait en difficulté : on aurait dit qu’il
était en train de se noyer.
En effet, il semblait paniquer, il
appelait à l’aide ; je pense qu’il avait une crampe. Ses cris étaient étouffés
par l’eau qu’il remuait et qu’il avalait, alors l’autre moi ne l’entendis pas.
Je le connais bien, dès qu’il a un problème dans l’eau, il se met à paniquer,
c’est bien simple, il entre dans un état où son cerveau est littéralement incapable
de fonctionner, et s’il n’a personne avec lui, il n’aura pas de mal à se noyer
dans un verre d’eau… Je commençai à avoir peur.
Et là, non seulement il se retrouvait
seul, mais en plus, il n’avait pas pied… C’était mauvais pour lui, mais il n’était
pas dit que je laisserais mon ami mourir sous mes yeux.
- Je vais aller l’aider, dis-je au vieil
homme.
- Tu ne peux rien pour lui.
- Voyons ça, fis-je en m’élançant dans
l’océan.
J’eus tôt fait de l’atteindre, mais
il me fut absolument impossible de le toucher ; j’étais comme un fantôme…
Alors je le vis sombrer. Quand l’autre moi arriva enfin, l’air paniqué, il
sortit Joan de l’eau en vitesse. Sur la plage, il tenta misérablement et
maladroitement de le réanimer. Il appela à l’aide en pleurant. Moi aussi
j’avais envie de pleurer.
Soudain, l’homme et moi nous
retrouvâmes ailleurs, j’ignore où, et il me dit :
-
Tu as
vu par toi-même. Ta tentative échouée t’illustre comme il en sera dans la vraie
vie. Souviens-toi, la seule manière de leur garder la vie sauve est de
t’éloigner d’eux.
-
Expliquez-moi comment… Par
« éloigner » vous entendez couper les ponts ou bien partir au
loin ?
Il ne dit rien.
- S’il vous plaît dites-moi
Il resta muet.
- Aller…
-
Quand
tu me reverras dans tes rêves, saches que la mort de quelqu’un que tu aimes est
proche.
Et il s’en fut.
Je me réveillai tout de suite
après et vis que c’était déjà le matin. La journée s’est déroulée normalement
mis appart le fait que je ressentais un vif trouble à l’intérieur, et cela
amplifié en présence de mon ami.
Cinq jours plus tard, j’en étais
toujours là et j’avais de plus en plus peur parce que je sentais que quelque
chose d’horrible allais arriver, mais je jouais au fanfaron ; comme je
l’ai dit plus haut, j’étais un sceptique, je me voulais progressiste ; je
ne voulais pas croire qu’un simple rêve pût avoir une action, un effet
vérifiable sur la vie. Et mon malaise s’accroissait.
Aujourd’hui, cela fait six jours que
j’ai rêvé de la mort de mon ami. Je me tiens là, dans la cours de l’école,
hagard, et je vois quelqu’un s’approcher… Tiens, c’est Joan justement. Il me
regarde, l’air grave, puis il dit :
- Est-ce que ça va ces temps-ci,
Tsietsi ?
- …Oui, pourquoi ?
- Eh bien parce que moi je pense que tu ne va
pas bien.
- …
- Tu
ne réponds pas ?...Je ne sais pas ce que tu as mais ça se voit que tu vas
mal.
- …
Non, pourquoi ?...
- Parce
que ! Tu ne vois pas que tu es bizarre ? Tu ne parles presque plus
depuis quelques jours, tu as l’air perturbé et effrayé, et c’est étrange pour
moi parce que c’est vrai que tu es plutôt calme comme gars, mais tu sembles
toujours sûr de toi et très posé, alors quand tu as l’air apeuré comme ça, moi
aussi j’ai un peu peur. Et puis je m’inquiète pour toi. Alors … ?
-
…Alors ça va mieux… Au fait, il est 13h27 où étais-tu depuis midi ?
- Tu
me connais, je suis un trublion ; j’étais encore puni… Mais bon, passons,
tu veux venir à la plage cet après midi avec nous ? Comme ça, ça te
changera les idées.
- …
A la plage, dis-tu… Je ne suis pas sûr…
-
Oh aller !!! Viens !
-
Tu y seras toi aussi ?
-
Eh ben ouais.
- Mais…
Mon cœur bat très fort, et mon
pressentiment s’amplifie, néanmoins, je réponds :
- D’accord. On ira.
Avec le corps frais de Joan dans mes
bras, je réalise maintenant que ces histoires de visions et autres n’étaient
peut-être pas si bêtes que ça. En fait, elles sont peut-être même vraies vu que
Joan est mort.
En vérité, je crois que leur
véracité s’était sans doute déjà établie dans mon esprit parce que pendant
qu’on se baignait, j’ai tout fait pour garder un œil sur lui. Je suis un type
qui aime gagner, et même quand c’étais lui le chasseur –car on jouait à la
poursuite - je faisais tout pour ne pas me faire attraper, tout en restant près
de lui.
Le problème c’est que je suis un
type qui aime gagner et lorsque quelqu’un eut la chance de me toucher et que je
devins le prédateur, ils étaient
tellement fiers de m’avoir eu et me provoquaient tant et si bien que j’en oubliai
ma tâche et me focalisai sur le jeu. Pour me venger, je décidai de les attraper
tous en moins de deux minutes ; je m’occupai premièrement du menu fretin
et après ça, il ne restait pas grand monde. Pendant que je cherchais qui me
mettre sous la main, je réalisai que j’avais perdu Joan de vue et mon malaise
me gagna à nouveau… J’étais paniqué, aussi, je mis un certain temps à
rassembler mes idées ; et là je l’aperçu au loin. C’est dément le zèle
qu’il a employé pour me battre à ce jeu parce qu’il était presque en haute mer…
Et… c’est à ce moment que je réalisai qu’il était en train de se noyer. Sans
doute une crampe. Je fonçai vers lui. A mi-chemin je le vis couler à pic et je
redoublai d’effort pour l’atteindre.
Arrivé sur son lieu de naufrage, je
plongeai. Comme il faisait beau, je voyais clairement sous l’eau. J’eus tôt
fait de le rattraper et nous émergeâmes. Je constatai que certains copains nous
avaient rejoints, tandis que d’autres semblaient chercher de l’aide sur la
plage.
Je ne sentais plus mon corps, la
fatigue n’existait pas, seul Joan comptait et les autres étaient plus valeureux
que ce que je pensais car eux non plus ne faiblissaient pas. Bientôt, nous
atteignîmes la terre, et je ne perdis pas de temps ; je tentai de le
réanimer, mais comme dans mon rêve, je m’y prenais gauchement. Un instant, je
crus perdre la vue tant les larmes embuaient mes yeux. Un homme, probablement
un sauveteur, vint prendre la relève mais il s’arrêta vite. Pourquoi si
vite ?... Je l’entendis dire quelque chose mais ne compris pas quoi ;
l’homme s’écarta et j’allai me pencher au-dessus de mon ami pour le réveiller.
Je l’appelai, le tapotai et lui restait immobile. « Mais arrête ça !
Arrête ! Il est … Il est mort ! », fit Darscho, un copain,
sanglotant.
Moi qui croyais pourtant être
malin, je n’avais pas compris ça, et après avoir entendu ces derniers mots,
cela m’apparu comme une évidence. C’est fou, je n’avais jamais remarqué combien
ça pouvait sembler fragile, un être humain ; on aurait dit une poupée de
cire. Cela me fit penser que l’homme est une création finement ouvragée. Il
avait l’air si petit… J’eus tant de peine… Je le lovai dans mes bras jusqu’à ce
qu’on vint me l’enlever. Je pleure.
Mon ami est mort.
Post-mortem.
Cela fait quatre mois et j’ai peur. Cette histoire a causé bon nombre de
problèmes, et nous, les témoins, avons eu droit aux remontrances de
circonstance avec interdiction formelle de se rendre sur la plage.
Le jour de l’enterrement j’ai énormément
pleuré car je réalisai enfin que je ne le verrai plus, je me sentais coupable
car c’était ma faute : je savais qu’il allait mourir. J’aurais dû suivre
les consignes du vieillard et m’éloigner de lui, ou tout au moins, refuser
d’aller à la plage avec lui, l’empêcher d’y aller… Et en plus j’avais ce
pressentiment persistant dont j’aurais dû tenir compte absolument… Alors je
n’ai pas d’excuse, je suis le seul fautif.
A l’école les jeunes ne comprennent pas
et disent des sottises, les grands jugent, compatissent ou disent des sottises,
quant à nous, nous pleurons et nous disons des sottises. Bref, on se comporte
en adultes devant une situation assez banale, disons-le.
Cela fait quatre mois que je suis seul
et que j’ai peur.
Peur de dormir, de provoquer une mort,
du souvenir de mon ami, de mourir…
J’ai maigri, c’est affreux. Dans
l’esprit de tout le monde, c’est bien sûr à cause de mon ami ; mais c’est
en partie ça, il est vrai. Je sens que ma famille – ma mère surtout –
s’inquiète pour moi, parce qu’avant j’étais déjà quelqu’un de solitaire, mais
maintenant, je suis un véritable ermite. Et puis je suis triste aussi.
Et
après…
Je n’ai pas changé en deux ans. Je ne
me plains pas de ma solitude, mais je trouve un peu dommage qu’un garçon de
quinze ans n’ait pour ainsi dire aucun ami.
Ca fait bien deux ans et je n’ai plus
revu cet homme dans aucun de mes rêves. Je sens ma culpabilité me quitter
progressivement, je crois que je redeviens un enfant. C’est bien.
C’est les grandes vacances et en dehors
de l’aide que je fournis à mes parents le matin, je passe mes journées dans un
endroit unique. Je l’ai découvert un jour où je voulais m’éloigner des autres
parce que je souffrais. J’ai marché longtemps et là, sur une partie de la plage
où personne ne semblait avoir jamais été, il y avait ce trou dans la roche, j’ai
pensé que l’eau devait s’écouler par là les jours de pluie, et en regardant par
terre, les traces du passage du liquide que j’aperçus confirmèrent mon
hypothèse. Cette ouverture était suffisamment large pour que j’y entrasse.
C’est donc ce que je fis. J’avançais en rampant, distinguant de moins en moins
ce qui m’entourait jusqu’à ce qu’il fasse complètement noir.
Puis, devant moi, je vis une lumière
venant du haut qui se précisait plus je progressais ; arrivé au niveau de
la lueur, je compris que c’était le trou par lequel l’eau se déversait. Comme
j’avais à nouveau de la lumière, je pus poursuivre mon chemin humide sans
crainte jusqu’à ce que, quelques mètres plus loin l’obscurité se fît de
nouveau. Là, je paniquai quelque peu parce que j’ignorais s’il y aurait un
autre rayon venant du ciel pour éclairer ma route.
Je me décidai enfin à rebrousser
chemin quand, juste avant de me retourner, ma main rencontra le vide au lieu de
toucher la roche. Complètement décontenancé, je perdis l’équilibre et tombait
la tête la première, incapable de m’accrocher à quoi que ce soit tant c’était
glissant. La pente était raide, je n’eus pas peur bien longtemps car j’atterris
assez vite dans une eau tiède, et cela sans dommage. C’était là un joli cours
d’eau lumineux qui s’écoulait doucement et provenait d’un étroit passage dans
la pierre, traversait l’endroit, et mourait, dans un passage tout à fait
similaire au premier. Cette petite rivière ne pouvait donc conduire à une
quelconque issue. Je chercherais ailleurs.
Pourtant je n’en fis rien car dès que
je me relevai, je fus ensorcelé par cet
arbre ; que faisait-il là ? On l’ignore encore aujourd’hui. Ce que je
sais c’est qu’il dégageait une aura envoûtante, de plus il était très beau, et
on aurait dit qu’il produisait de la lumière. En tout cas, sa magnificence
était inénarrable, et autour de lui le sol était sec. Ainsi, j’allai m’asseoir à
ses pieds et je découvris la chaleur de son tronc. C’était exquis, je
m’endormis sans tarder. Un sommeil doux comme je n’en avais pas fait depuis
longtemps.
Quand je me réveillai, je me sentais
bien mieux et j’étais sec. Je me rendis compte que la faim me tenaillait, et
c’est alors que je remarquai, par terre, à côté de moi, un fruit, provenant de
l’arbre. Il était aplati mais légèrement arrondi ; sa forme était celle
d’un cœur. Rouge sang, sa translucidité laissait apparaître un noyau foncé qui
rappelait un œil. Je passai mon doigt sur la surface : lisse, tendre et
ferme. Cet endroit avait mis en moi une confiance sans limite, aussi, mordis-je
à pleines dents dans le fruit savoureux, pétillant comme une pamplemousse et
très très juteux… Je n’avais jamais rien mangé d’aussi délectable. Je dévorai
une demi-douzaine de ces fruits en gardant à chaque fois les noyaux.
Au terme de ceci, je pris un peu de
temps pour les observer mieux ; ils étaient tous différents, variant soit
par de petites nuances, soit par une dissemblance certaine. En tous les cas, il
semblait qu’ils arboraient une expression distincte. Je n’avais encore rien vu
de comparable auparavant. Je tâtai ces yeux, et, constatant qu’ils avaient à
peu près la même texture que les fruits ; j’en croquai un. Ca n’était pas
aussi juteux et aussi tendre que le fruit évidemment, mais comme c’était
acide ! Un véritable régal. Je me sentis mieux que bien après ça, et là,
j’entrepris de chercher une sortie.
J’allai à l’opposé de l’endroit par où
j’étais arrivé. Je découvris un chemin en pente douce qui menait à une grosse
pierre. En regardant plus attentivement, je détectai un mince rayon de lumière
qui filtrait entre les parois rocheuses. J’empruntai donc cette voie, et en
atteignant le bout, je m’attaquai au gros caillou. Non sans difficulté, je le
fis passer de côté et là, je vis enfin le jour. Je rentrai chez moi, allègre,
et les gens furent bien étonnés de me trouver si gai.
Depuis, j’y allais aussi souvent que je le
pouvais.
Aujourd’hui, je m’y dirige muni comme
toujours d’une torche. Je pourrais bien passer par l’entrée du rocher qui est
plus pratique, mais je préfère l’emprunter en tant que sortie, et comme la toute
première fois, j’utilise le trou sur la plage ; c’est devenu une sorte de
rituel.
J’atterris dans l’eau tiède et en me
relevant, je vis quelque chose d’inattendu. Au pied du bel arbre fruitier,
juste à l’endroit où j’avais l’habitude de m’assoupir, il y avait une fille.
C’était d’autant plus surprenant qu’elle était blanche. Sa tête blonde reposait
sur un pull-over enroulé, et elle ne portait qu’un t-shirt et un short. Je ne
pouvais la détailler que de dos et afin d’en savoir plus je la contournai
silencieusement et vins me poster face à elle.
Elle était ravissante. Plus je la
regardais, plus j’étais persuadée que sa peau, c’était du lait. Etait-ce une
sorcière, car je sentais en moi l’envie de plus en plus irrésistible de toucher
son joli visage. Sans que je le réalise, ma main s’avançait tout doucement vers
l’objet de ma fascination, et quand elle allait le toucher, la fille bougea.
Elle ouvrit les yeux et je me
pétrifiai sur place. Son regard se plongea dans le mien et tandis qu’elle me
fixait, l’inconnue se relevait. Maintenant assise, elle me scrutait sans plus
de crainte, mais avec curiosité et attention. Moi aussi. Nous nous sourîmes, et
cette simultanéité nous fit rire. Nous reprîmes notre calme et elle parla, de
la voix la moins aigue que j’ai jamais entendu venant d’une fille :
- Tu es déjà venu ici ?
- … Oui, et toi ?
- Non.
Après un temps, elle demanda :
- Tu ne trouves pas qu’elle a quelque chose
d’étrange, cette grotte ?
- Comment ça ?
- Je crois bien qu’elle est magique.
Je
la regardai longuement et puis je lui dis :
-
Qu’est-ce que tu en sais ? C’est la première fois que tu viens là,
n’est-ce pas ? Comment tu es venue ?
-
Comme toi, je crois… Ne sois pas sur la défensive, je risque pas de te
la voler ta grotte.
Je mis un moment avant de comprendre ce
qu’elle disait à cause de son accent très amusant.
- Heu
oui… Tu as raison… Comment t’appelles-tu ?
- Désolée, je ne m’appelle que rarement.
Là
encore je fus lent.
- Oh ! ah oui… Alors comment
t’appelles-t-on ?
Elle réfléchit –oui, réfléchit- un temps,
puis déclara d’un air ravi :
- Merna.
- Merna… ça n’est pas français, ça, Merna.
- C’est que je ne dois pas l’être… Et toi,
comment tu t’appelles Tsietsi ?
- Tsie…
Un regard. Nous étions tout deux surpris ; puis elle prit le
sourire embêté de celle qui a dévoilé inopinément un secret et baissa
légèrement la tête.
- Comment se fait-il que tu connaisses mon
nom ?
- Eh ben… Je… Je l’ignore moi-même.
- Bien sûr que non.
- Je ne peux pas te le dire.
- Tu ne penses pas que j’ai le droit de
savoir ?
- Si tu te méfies, sache qu’il n’y a pas de
raison à cela, peu importe ce que je sais sur toi ou sur quiconque, je ne
compte pas m’en servir à de mauvaises
fins… Je, je ne te veux aucun mal, Tsietsi.
- …Très bien. Alors peut-être que toi qui
sais tant de choses, tu sais aussi quel est cet endroit ?
- …
- Tu as dit que c’était une grotte magique…
Hé là, parle donc.
- Ben oui que c’est une grotte magique, ça ne
se voit pas ? Tu as vu cet arbre et ses fruits ? Ils sont luminescents
et matte-moi cette forme ! et puis, comme par hasard, on ne peut ni aller
à droite, ni à gauche. Il y a une entrée secrète et une sortie secrète. Et
est-ce que tu ne te sens pas irrépressiblement envouté ici ? Il y fait
chaud et le sol est sec. Et dis-moi, as-tu seulement vu l’apparence de ce bras
de rivière ?! Il y a de la magie entre ces parois, c’est clair.
- J’en conviens, et calme-toi. Tu dis tout
ça, mais j’ai comme l’impression que tu éludes… Mais bon, ça n’est pas grave,
je ne vais pas te forcer…
- …
- Merna, qu’est-ce qu’on fait de cet
endroit ? Tu crois qu’on doit en parler ? Ou, garder cela
secret ?
- On ne devrait rien dire à personne, à
personne ; et cette caverne, il faudra
pas l’abandonner.
- OK, mais, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir
faire quand on va venir ici ?
- Pourquoi te préoccupes-tu de ça ?
Quand tu venais aujourd’hui, c’était pour faire quoi ? Oublie ces soucis,
et contente-toi de venir tout entier…
- …OK.
Un
autre regard. Vraiment, cette fille-là était très belle… Ça devenait intime.
C’est elle qui prit l’initiative.
- Tu veux que je te parle de moi, c’est ça…
Alors je vais le faire. Je suis née en Afrique et j’ai grandi dans le monde.
Partout.
- Tu veux dire que tu as beaucoup
voyagé ?
Elle me regarda comme on regarde une pierre.
- J’ai grandi dans le monde. Mes mamans, Vita
et Din, et mon papa, Nothingness ont été grandiose avec moi.
- Tes parents ont des noms très bizarres… Et
tu as deux mères ?
- Ça t’étonne ? me demanda-t-elle en
souriant grandement.
- Ce n’est pas courant…
- Ah oui…
- Et tu es ici pour combien de temps ?
- Je ne compte pas partir.
- Ah oui ? Ah c’est bien ! Si tu es
dans mon école je pourrai être ton guide, tu as quel âge au fait ?
- Ah ça je ne sais pas trop…
Je
sentis qu’elle restait évasive parce qu’elle ne voulait pas s’engager dans une
telle conversation. Je voulus donc parler d’autre chose.
- Dis, est-ce que tu sais nager ?
- Parce que toi tu sais ? Sache que
personne ne nage mieux que moi dans tout l’univers.
J’eus
un moment de silence étonné.
- Eh bien je ne prétends pas être le meilleur
nageur de tout l’univers mais au moins du Cameroun entier.
- Je ne prétends rien du tout. Et est-ce que
tu te rends compte qu’à ce moment je suis au Cameroun et donc tu oses dire que
tu nages mieux que moi ? Serais-tu en train de me défier ?
- Oh heu…
Je
repensai à Joan… J’avais peur et mal. Et Merna vint mettre sa main sur mon
front.
- Ne sois pas triste, tout va bien se passer,
je vais juste te montrer qui est la meilleure…
- … Très bien.
- N’oublie pas de prendre des notes.
Souriant, je me dirigeai donc vers la sortie, attendant qu’elle
m’emboîte le pas, mais non.
- Tu ne viens pas ? Tu ne veux plus
nager ?
- C’est à moi de me poser des
questions : pourquoi t’apprêtes-tu à sortir ?
- Pour aller dans l’océan, on ne devait pas
nager ?
- Mais on peut le faire ici-même.
- … Ah oui ? Dans ce petit cours d’eau,
ou bien…?
- Ben oui.
J’attendais une explication.
- Cet endroit est magique. Viens suis-moi.
Elle entra dans le petit ruisseau. Je la suivis, très intrigué. Elle se
plaça derrière moi, mit ses mains sur mes omoplates et chuchota :
« Ferme les yeux. » Ce que je fis. J’entendais sa respiration dans ma
nuque, ça me chatouillait. Alors je sentis qu’elle avançait de plus en plus ses
mains vers mon torse jusqu’à m’enserrer complètement. Ça n’avait rien de
déplaisant mais j’étais de plus en plus perplexe quant à son objectif. J’avais
envie de l’arrêter mais je ne bougeai pas. Je crois que je n’aurais pas pu
faire quoi que ce soit contre elle.
Sa
tête couchée contre mon épaule, elle me dit enfin d’ouvrir les yeux. Se
dégageant, elle me lâcha et je tombai. Oui, je tombai en eau profonde, la
petite source était devenue un lac. J’étais stupéfait et légèrement paniqué. Je
regardai autour de moi et sa noirceur nacrée m’effraya ; je me tournai
vers Merna qui, debout sur l’eau regardait la voûte rocheuse, un sourire
terrible aux lèvres.
Puis elle tomba à son tour. Rigolant, elle me rassura :
« N’aie pas peur. » et elle se plaça à mes côtés.
- Dis-donc je croyais que tu savais nager,
Tsietsi.
- … Beu oui, fis-je encore bouleversé.
- Alors prépare-toi. Le premier qui arrive au
bout est le grand gagnant. C’est toi qui donne le départ.
Ainsi fut-il fait. J’avais repris mes esprits et quand je démarrai je ne
pus apercevoir qu’un fin sillon qui se prolongeait inexorablement vers la rive.
J’avançai mais tout décontenancé : était-ce une nymphe ou Poséidon en
personne ? La voilà qui arrivait déjà, et moi je n’avais parcouru qu’une
distance dérisoire… Elle n’avait rien de commun avec les autres celle-là.
Décidément.
Je
sais pertinemment que je nage vite et bien mais me sembla s’écouler une
éternité avant que je la rejoigne enfin. J’étais essoufflé et très perturbé.
- Ça va ?
- Non. Enfin…
- J’ai gagné, tu as vu ?
- Oui.
Je
la regardai, attendant, espérant qu’elle me dise quelque chose, qu’elle
m’explique qui elle était. Mais elle ne faisait rien d’autre que me regarder
très sérieusement. Tant pis.
- Partons, il est temps.
- Et comment le sais-tu qu’il est
temps ? fis-je en la suivant.
- Bah ! En tout cas, moi je m’en vais
j’ai fini ce que j’avais à faire.
Je
ne voyais plus ce que je pourrais faire dans cet endroit sans elle… Je la
suivis au dehors.